Nous y voici !
Comme je l'avais dit dans le chapitre précédent nous entrons maintenant dans le vif du sujet.
Dans ce chapitre je vais vous expliquer quelques principes importants pour contrôler votre trajectoire et votre vitesse.
(Les explications qui vont suivre ne traiteront pas le cas des virages).
-> Lorsque vous pilotez un avion vous pouvez avoir une idée assez précise de votre trajectoire (palier, montée ou descente) et de notre vitesse en regardant 3 instruments :
L'anémomètre :
L'anémomètre vous indique la vitesse de l'avion (en km/h sur cet exemple).
L'altimètre :
L'altimètre vous indique l'altitude de l'avion (en pieds sur cet exemple).
Le variomètre :
Le variomètre vous indique le nombre de pieds gagnés ou perdus par minute.
Il vous indique donc sur votre vitesse verticale.
Cet instrument est un peu moins souvent utilisé que les 2 précédents. Pour simplifier mes explications je ne prendrai plus en compte le variomètre pour la suite.
Lorsque vous arriverez à ce que ces instruments indiquent rapidement les valeurs que vous avez choisies, vous maîtriserez alors votre trajectoire et votre vitesse.
-> Pour faire évoluer celles-ci il faut piloter 2 choses :
L'assiette de l'avion :
L'assiette est l'élément le plus important pour contrôler la trajectoire et la vitesse de l'avion.
La puissance :
Le tachymètre nous indique la puissance que nous délivre le moteur en nombre de tours par minute.
Pour obtenir le nombre de tours par minute il faut multiplier la valeure lue par 100.
-> Je vous propose de récapituler rapidement ce que je viens de vous expliquer avec un petit shéma (comme je l'ai dit je ne parle plus du variomètre) :
Pour maitriser votre trajectoire et votre vitesse il vous faut donc afficher la bonne assiette et la bonne puissance. Les autres instruments sont simplement des instruments de vérification.
Si vous affichez une mauvaise assiette, ou une mauvaise puissance, parce que vous êtes concentré sur les mauvais instruments, vous ne stabiliserez jamais la bonne vitesse et la bonne altitude en même temps.
La puissance étant relativement stable une fois affichée, votre regard devra revenir le plus souvent possible sur l'assiette pour lui faire maintenir la position que vous avez choisie (voir les dessins ci-dessous).
piloter en regardant son assiette permet aussi de voir et d'éviter les appareils qui sont devant votre avion (ce qui est nécessaire pour éviter les collosions).
Encore une fois, j'insiste sur cette notion de contrôle d'assiette. L'erreur commune des pilotes sans expérience est de vouloir corriger la vitesse en se concentrant sur l'anémomètre ou l'altitude en ce concentrant sur l'altimètre. Ceci est une grosse erreur. Outre le fait qu'ils ne stabiliseront jamais la bonne vitesse et la bonne altitude en même temps, ils se fatigueront pour rien. De plus, ils ne seront pas en mesure d'éviter les autres avions (essayez de conduire une voiture en regardant uniquement le tableau de bord).
Je repète donc :
la vitesse et l'altitude se contrôlent avec l'assiette et la puissance.
-> un peu plus concrètement :
Voici comment se mettre en palier croisière, en descente et en montée (je prendrais en référence un DR400 120 chevaux comme type d'appareil pour tous mes exemples) :
Le palier croisière :
Il faut afficher une assiette stable. Cette assiette peut s'estimer en gardant un écart d'environ une main (bras tendu) entre la ligne d'horizon et le capot de l'avion.
Il faut afficher 2500 tr/min au tachymètre (Si vous êtes stabilisé la vitesse sera d'environ 190 km/h sur DR400/120).
Si après avoir stabilisé votre assiette et avoir affiché 2500 tr/min vous avez toujours votre altitude en légère augmentation c'est que votre assiette est trop forte. Il faut donc afficher une assiette un peu plus faible, c'est à dire afficher un écart légèrement plus grand entre l'horizon et le capot.
Si au contraire, vous perdez toujours un peu d'altitude après avoir stabilisé l'assiette et la puissance, il faut afficher une assiette un peu plus forte, c'est à dire afficher un écart un peu plus petit entre l'horizon et le capot.
La descente :
Pour se mettre en descente, il faut diminuer l'assiette et réduire la puissance en même temps pour garder une vitesse constante. Si vous vous mettez en descente en gardant la puissance de palier, l'avion va prendre de plus en plus de vitesse ce qui n'est pas l'effet désiré.
L'assiette de descente peut s'estimer en affichant un écart entre l'horizon et le capot environ 2 fois supérieure à celui du palier croisière :
Sur DR400 120 chevaux une puissance de 1900 tr/min permet de tenir 190 km/h en descente avec une vitesse verticale correcte (en pieds par minutes donnée par le variomètre).
Si vous avez la bonne puissance et que votre assiette est trop grande vous aurez moins de 190 km/h.
A l'inverse si vous avez la bonne puissance et que votre assiette est trop faible vous aurrez plus de 190 km/h.
Si vous avez affiché une puissance trop élevée (par exemple 2200 tr/min) vous devrez maintenir une assiette plus haute que celle prévue pour garder 190 km/h mais votre angle de descente sera plus faible (et votre vitesse verticale sera plus faible).
A l'inverse, si vous avez affiché une puissance trop basse (par exemple 1700 tr/min), vous devrez maintenir une assiette plus à piquer que celle prévue pour pouvoir maintenir les 190 km/h en récupérant l'énergie que la puissance ne vous a pas fournie en perdant plus vite de l'altitude. Votre angle de descente sera plus fort (et votre vitesse verticale sera plus forte).
La montée :
Il faut mettre plein gaz et afficher une assiette à cabrer :
Il faut rester plein gaz pour avoir assez d'énergie pour monter. La seule manière de contrôler la vitesse sera donc d'afficher une assiette plus élevée pour voler moins vite, ou, moins élevée pour voler plus vite.
Maintenant que nous avons vu les trajectoires de palier, descente et montée je vais vous parler du contrôle de la vitesse. Mais tout d'abord je vais faire une petite explication à propos de la force qui fait voler l'avion : la portance.
Contrairement à ce qu'on pourrait croire, la force qui porte l'avion est crée grâce à la dépression qui existe à l'extrado de ses ailes (extrado = au dessus). cette dépression est crée grâce à l'accélération de l'air qui longe le profil d'aile. La pression de l'air ainsi accéléré diminue.
Voici la coupe d'une aile vue de coté :
Plus la vitesse de l'air qui arrive sur le profil d'aile est grande et plus la dépression créée est importante et donc plus il y a de portance.
Il existe un autre moyen de faire varier cette dépression :
L'incidence :
Plus l'incidence est grande, plus la dépression est importante et plus il y a de portance.
Oui mais alors comment fait on pour voler en palier à forte incidence ?
En fait pour voler en palier on a besoin de garder une portance constante. Lorsque l'avion ralentit, il y a moins de portance due à la vitesse on augmente donc la portance due à l'incidence en augmentant la valeur angulaire de cette dernière.
Inversement, lorsque l'avion accélère on diminue l'incidence pour qu'elle génère moins de portance car on récupère de la portance grâce à la vitesse.
Pour passer de 190 km/h à 130 km/h, il faut donc réduire la puissance au minimum, aller progressivement afficher l'assiette qui permet de tenir le palier à 130 km/h :
Puis, lorsque vous arriverez proche des 130 km/h, affichez la puissance nécessaire pour tenir le palier (environ 1900tr/min sur DR400 120) :
Si vous affichez trop rapidement l'assiette qui permet de voler en palier à 130 km/h, alors que votre vitesse est encore supérieure, vous aurez trop de portance et votre avion va monter.
Inversement, si vous faites varier votre assiette trop lentement, votre avion perdra de l'altitude.
Pour faire accélérer l'avion il faut suivre le processus inverse :
Il faut mettre pleine puissance, diminuer progressivement l'assiette vers l'assiette de palier croisière et à l'approche de cette vitesse afficher la puissance de palier croisière (2500 tr/min).
Voici une petite astuce pour la gestion de la puissance :
Comme vous mettez un petit laps de temps à afficher une puissance vous pouvez anticiper et commencer à l'afficher légèrement avant d'arriver à la vitesse désirée.
Pourquoi affiche t-on la puissance minimale au lieu d'afficher directement la puissance dont on a besoin pour tenir les 130 km/h ?
Si on procédait ainsi le temps de décélération serait trop long.
De plus, sur ce genre de petits avions, lorsque la vitesse varie beaucoup, le nombre de tr/min a tendance à varier légèrement dans le même sens :
Si on affiche 1900 tr/min à 190 km/h, le nombre de tr/min aura diminué et sera passé sous 1800 tr/min lorsqu'on aura atteint 130 km/h ce qui nous forcera de toute manière à réajuster la puissance.
A l'inverse, si on affiche 2500 tr/min à 130 km/h, lorsqu'on aura atteint 190 km/h, le nombre de tr/min aura augmenté et sera passé au dessus de 2600 tr/min ce qui nous forcera à réajuster la puissance.
Je précise que cet effet de la vitesse sur la puissance est un effet non désiré présent par construction.
Et voila ! C'en est fini pour ce chapitre. Prenez 10 min de pause si vous le désirez et rendez vous au chapitre 3 quand vous serez en forme !